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Les raisons d'espérer

Création 2020
Pièce pour dix danseurs
Durée: 60'
Chorégraphie, scénographie: Syhem Belkhodja
Dramaturgie: Houria Abdelkafi
Lumières: Erika Sauerbronn
Arrangement musical:Wael Mansour – Ahmed Ben Abid
Interprétation: Oumaïma Mannai, Nour Mzoughi, Katto Ribeiro, Pascal Beugré-Tellier, Kaïs Harbaoui, Hazem Chebbi – RanimKefi
Coproduction Ballet Preljocaj, Chaillot - Théâtre National de la Danse, Bonlieu - Scène Nationale Annecy
Avec le soutien du Ministère tunisien des Affaires Culturelles, Ministère du Tourisme et de l'Artisanat- TUNISIA, Institut français de Tunisie, TunisAir, Ville de Nice, Région PACA

Avec Les raisons d'espérer, la chorégraphe Syhem Belkhodja conclut un cycle de trois pièces immersives dont elle a puisé la matière vive au cœur des turbulences engendrées par les révolutions du monde arabe.
Ici, le territoire qu'investit la danse est l'immensité de ce cimetière à ciel ouvert qu'est devenue la Méditerranée, cette « Mer blanche du milieu » qui, selon sa dénomination arabe, est censée pourtantréunir ses enfants des deux rives.
Une nuit sans lune, agitée par le ressac de la houle, des silhouettes hésitantes se rassemblent pour se jeter à l'eau. On les appelle, ici, les « Harragas, brûleurs ». Ils brulent la mer, brûlent leurs ailes, tendus, écorchés vifs, sur la corde raide d'un désir fou d'ailleurs…
Traversée périlleuse sur une embarcation d'infortune, l'aventure de ces femmes et de ces hommes s'avère, dans le même temps, une odyssée intérieure qui les marque au fer rouge. Leurs voix, leur souffle, leur soif, leur peur, leur courage et leur faiblesse sont nôtres, définitivement. Il suffit d'ouvrir ses yeux, son cœur, de tendre l'oreille.
Avec un regard bienveillant, mais aussi acéré qu'un scalpel, la chorégraphe explore, sans concession aucune, les profondeurs de ce paradoxe de l'humaine condition d'aujourd'hui : la démarche quasi suicidaire des migrants illégaux procède d'un irrépressible instinct de survie de l'espèce où se forge l'espérance des rescapés du désastre.
A propos de la pièce,
« Cette pulsion intérieure et immédiate comme réponse à l'angoisse du manque, à l'absence d'avenir, devient ainsi un point de départ à ma pièce. Elle deviendra un moteur pour la danse et les danseurs tunisiens, qui pourront y puiser un matériau sensible, une force centrifuge. Le départ de migrants tunisiens, mais aussi l'envie de fuir de ceux qui restent, laissent une trace vive dans la société: une sorte de « présence de l'absence », travaillée par l'imaginaire, où l'espoir et le désir, et leur revers, la frustration et le renoncement, cohabitent de façon singulière. La pièce souhaite ainsi explorer un état de corps, complexe, avec de jeunes danseurs tunisiens ayant également connu l'exil dans leur parcours, qui s'interrogent quotidiennement sur leur avenir de danseur en Tunisie ou qui sont dans un entre-deux instable. » Syhem Belkhodja


SYHEM BELKHODJA, chorégraphe
Danseuse et chorégraphe du Sybel Ballet Théâtre depuis 1985, la tunisienne Syhem Belkhodja a fondé en 2002 l'Association Ness El Fen à Tunis, ouvert l'École des Arts et du Cinéma ainsi que le Centre méditerranéen de danse contemporaine. Après la création du festival de danse « Les Rencontres chorégraphiques de Carthaqe» en 2002, elle crée un festival de cinéma documentaire « Doc à Tunis » en 2006 et lance le Festival Mode & Design en 2010.
Militante culturelle,elle est animée par la volonté de promouvoir en Tunisie le développement de différents secteurs artistiques, tout en défendant la transversalité des arts. Elle œuvre en faveur d'une approche culturelle globale où dimensions artistiques et pédagogiques sont intimement liées. Elle a en effet particulièrement à cœur d'insuffler à la jeunesse qu'elle côtoie, une confiance dans l'avenir qui passe par le décloisonnement, l'intelligence et la sensibilité.
Avec sa compagnie Sybel Ballet, en tant que chorégraphe, elle a à son actif quelques pièces Chutt, 30 ans déjà, Turbulences, Frontières de l'invisible. Lacréation est aussi un outil de formation pour les danseurs qu'elle accompagne très jeunes dans leur devenir de danseur. Beaucoup sont aujourd'hui des chorégraphes indépendants, reconnus à l'étranger.
Elle a également créé deux écoles (École des Arts et du Cinéma et le Centre méditerranéen de danse contemporaine). En 2015, elle a initié et dirigé le projet El Fabrica, laboratoire de formation et de création en danse à travers dix régions de Tunisie. Près de cent jeunes qui en ont bénéficié ont présenté leur travail lors du festival Tunis Capitale de la danse 2016.

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