29 avril- 3 mai 2015
14ème édition
Libre dans son corps ! Libre de danser ! Danser, c’est résister
Dans sa ligne éditoriale initiale, et sa programmation, préparée dès décembre 2014, cette 14ème édition de Tunis capitale de la danse était dédiée aux nouvelles technologies et à leur rapport-apport à la danse contemporaine.
Notre propos, alors, était de faire le point sur les enjeux artistiques, techniques et économiques de la création numérique et ses apports aux arts vivants en general et à l’art chorégraphique en particulier. La démarche devait nous aider à percevoir et comprendre où nous mènent ces évolutions, à positionner et interroger nos pratiques, à inventer des espaces d’échanges, oser s’approprier une part de ce vaste champ nouveau qui s’ouvre. Chez nous où souffle fort le vent du changement, où on vibre avec toutes les pulsations d’un monde globalisé, où on compte de nombreux et brillants professionnels dans les nouvelles technologies, ce serait peut-être le moment et une bien bonne idée que de les associer à la création contemporaine.
Mais les graves évènements qui ont secoué notre actualité en ont décidé autrement. C’est dire combien la danse, comme tous les autres moyens d’expression artistique, la création en général, ne peuvent se concevoir et s’exercer qu’en résonnance avec les clameurs et bouleversements des temps présents.
D’où la nécessité de reconsidérer les choses au prisme de la nouvelle donne qui s’impose à nous désormais ; la nécessité, donc, de réarticuler notre action, notre réflexion compte tenu des priorités, de l’heure, de leur caractère d’urgence.
Les engagements qui ont animé notre démarche et forgé l’identité du festival depuis sa création, dans le sillage troublé des attentats terroristes du 11 septembre 2001 à New York et d’avril 2002 à Djerba, acquièrent une pertinence encore plus accrue dans le contexte d’aujourd’hui.
Face à la situation difficile qui est la nôtre, confrontés aux forces du mal qui redoublent de violence et de barbarie, nous n’avons d’autre alternative que de continuer à résister et à nous battre. Dès le départ, nous avions fait de la danse une arme. Nous persistons et signons dans cette voie, la danse, arme vivante, belle, rebelle, indestructible.
C’est en nous mêmes que nous devons chercher et trouver ce qui nous fera avancer, produire la lumière qui éclairera le chemin. Mais pour cela, nous ne pouvons faire l’économie de quelques questionnements essentiels : où en sommes nous ? Qu’est ce que nous voulons, nous pouvons faire?
D’où la particularité de cette programmation entièrement consacrée à la création tunisienne, dans tous ses états. Il s’agit de brosser un tableau aussi représentatif que possible, de la production actuelle ; d’offrir toute la visibilité souhaitable aux oeuvres, de faire découvrir, connaître et reconnaître cette nouvelle génération de chorégraphes qui est en train de reprendre le flambeau de ses aînés.
Comme de coutume, et à l’instar de la communauté mondiale, nous célébrons, le 29 avril, la Journée Internationale de la danse, en partenariat avec la représentation du CID-UNESCO à Tunis. Ce sera l’opération « Feux rouges » aux carrefours stratégiques de la capitale. Près de 100 danseurs seront mobilisés sur l’événement.
Pour la première fois, Tunis Capitale de la danse met en place une Plateforme de la jeune création tunisienne en danse contemporaine ». Conçue comme un tremplin au profit des talents émergents, la plateforme accueillera, durant trois soirées, les oeuvres des jeunes chorégraphes-danseurs. Un jury composé de professionnels nationaux et internationaux récompensera les travaux par l’attribution de prix pour la Meilleure chorégraphie, Meilleure interprétation féminine, Meilleure interprétation masculine, le Prix du public.
Maintenir les liens entre générations, croiser les regards, mettre en évidence les filiations ou les ruptures éventuelles, c’est aussi la mission d’un festival. Grand angle de vision, donc, pour les chorégraphes confirmés dont les oeuvres, à la fois, très personnelles et innovantes, se distinguent sur les scènes d’ici et là-bas. Comme figures de la diaspora tunisienne, Héla Fattoumi, le duo Hafiz Dhaou-Aïcha M’Barek, Seifeddine Mannaï qui trace son chemin, se plaisent, à chaque fois, à confronter leur travail au regard d’un public qu’ils savent exigeant.
Très présents sur la scène nationale, toujours en quête de nouvelles pistes de la création, Imed Jemaa, Nawel Skandrani, Nejib Khalfallah donneront à voir leurs dernières pièces.